Le syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l’imposteur 

Comme beaucoup de personnes, malgré le fait que j’ai pleinement conscience de mon expérience et de mes capacités et que mon CV est là pour me le rappeler, j’ai toujours eu cette impression de ne pas être légitime dans mes missions, comme un arrière-goût amer, une peur latente, une petite boule dans le ventre omniprésente, une petite voix interne qui vous rabaisse. Ça vous rappelle quelque chose ?

Ce syndrome, en effet, je le définie plutôt chez moi comme une phobie, une peur irrationnelle non fondée qui insinue le doute. J’ai beau me raisonner, avoir des arguments implacables, le syndrome reste tout de même et refuse de faire ses valises. Rien de plus frustrant quand on a pleinement conscience du problème de ne pas arriver à s’en débarrasser alors que l’on sait pertinemment qu’il ne suit aucune logique.

Tant que j’étais salariée, aucun problème à le gérer, mais cela m’a énormément freinée pour passer du salariat à l’entrepreneuriat. J’ai mis 5 ans ! 5 longues années ! J’en ai perdu du temps. Mon entourage me poussait à me lancer depuis des années, je balayais d’un revers de main en disant que je n’en étais pas capable.

Puis je me suis donnée les armes pour combattre cette peur, et autant vous dire que je suis partie sur une guerre de cent ans, pas sur une bataille rangée qui allait plier le problème une fois pour toutes.

J’ai tout d’abord repris des études et passé mon master, comme je me l’étais promis des années auparavant en sortant de l’école. Mon choix s’est finalement porté sur l’EDHEC, et j’ai continué à travailler en salariat en tant que cadre tout en faisant 1 an et demi d’études sur mon temps libre. Autant être clair : je n’avais pas aucune vie sociale ni de temps libre, je travaillais tous les soirs jusqu’à pas d’heures, tous mes weeks-end et congés étaient dédiés à mes études.

L’avantage de ce cursus fut d’être avec des élèves qui étaient tous des professionnels eux aussi, et il y avait une grande émulation entre nous. De plus, nous bénéficions d’un coaching personnalisé, qui m’a énormément apporté et m’a permis de développer mon assertivité, chose dont je manquais cruellement. Les cours de leadership et de management via les grand philosophes et psychothérapeutes m’ont aussi beaucoup nourrie, commençant à faire murir en mois la force de combattre cet imposteur.

Ce fut une première étape, une première pierre à l’édifice, qui a engagé ma lutte mais le chemin à parcourir restait long. J’avais fait un premier pas, sans celui-ci je n’aurais jamais franchis les suivants. J’ai commencé à participer aux café entrepreneur, à m’intéresser en détail à tous les process, aux incubateurs, à partager mes idées, j’ai même aider des proches sur des business plan, mais en ne montant rien de concret pour moi. Je restais comme spectateur.

J’ai fait une psychanalyse 3 ans plus tard alors que je me trouvais à un carrefour de ma vie et que l’appel de l’entreprenariat avait à nouveau fait retentir son chant plus fort. J’avais la chance à l’époque d’avoir une excellente thérapeute qui est malheureusement depuis partie à la retraite. Elle me connaissait déjà depuis un moment, nous avions déjà une relation de confiance bien installée entre nous, ce fut donc aisé de pouvoir partager ensemble et parler à cœur ouvert. Mais je sentais bien que cela n’était pas suffisant.

En parallèle 3 mois après sur les précieux conseils de mon beau-père j’ai pris une coach RH avec laquelle j’ai fait un bilan de compétence complet, agrémenté d’entretiens. Ces entrevues furent très difficiles pour moi. Il y avait de nombreuses questions pour lesquelles je n’avais pas envie de répondre, j’étais mal à l’aise, parfois même une colère inexpliquée grondait en moi. Aucune question compliquée ni gênante en réalité, mais ces questions me mettaient face à moi-même et m’obligeaient à accepter le fait que j’étais légitime et j’avais du mal à l’accepter.

Dit comme cela c’est complètement absurde j’en conviens, et pourtant en prenant un peu de recul c’était vraiment ainsi que je l’avais ressenti, et cette coach a su faire sauter ces verrous avec brio. J’étais enfin (presque) prête pour ouvrir mon activité. Mais comme l’arrêt de la cigarette, il n’y a jamais de bon moment, donc je me suis lancée (en plein Covid, car sans challenge c’est moins amusant).

En avais-je pour autant fini avec ce cher syndrome ? Que nenni ! On ne change pas une équipe qui gagne (et qui là perds, pour le coup…). Mon imposteur, bien qu’affaibli, a continué à m’accompagner, tel un bon vieux boulet. Il se manifestait surtout lors de la prospection, que ce soit en physique, sur les réseaux sociaux, lors de la rédaction de mon site internet, sur ma grille tarifaire, lors d’une nouvelle mission il me murmurait que je ne saurais pas m’adapter… Vous avez déjà vécu ces moments ? Pas très agréable n’est-ce pas ?

Deux opportunités ce sont alors présentées à moi. On m’a proposé de refaire un bilan de compétences gratuitement, j’ai littéralement sauté sur l’occasion afin de pouvoir refaire le point sur ma situation et jauger mon évolution en 1 an et demi. Ce fut un succès, j’ai pu constater que j’étais plus sûre de moi, de mes compétences, plus forte aussi malgré le fait que mon syndrome était toujours omniprésent, il était beaucoup moins puissant qu’avant.

La deuxième opportunité n’avait rien de professionnelle de premier abord, un photographe, Fabrice Fiorucci, cherchait pour son activité, ma pause boudoir, un modèle féminin avec un corps classique et un âge moyen. En voyant son annonce je me suis dit : «  Je suis grosse, moche et vieille, c’est parfait, je postule immédiatement ! ». J’avais toujours rêvé de faire ce type de séance photo mais je ne me trouvais jamais assez bien pour pouvoir le faire. La tournure de l’annonce de Fabrice avait clairement écarté et jeté à terre mon imposteur, je correspondais à l’annonce, elle était faite pour moi et mes 30 kilos en trop, ma détermination était à son maximum.

Vous l’avez compris, l’estime que j’ai de mon corps est ce qu’il y a de plus bas chez moi, en plus j’étais enceinte de 2 mois, déjà que mon ventre n’était naturellement pas flatteur, là il était au top de son désavantage. Je n’attendais rien de cette séance hormis de réaliser un vieux rêve et d’offrir pour l’anniversaire de mon mari un joli book. J’avais oublié mon imposteur, peut-être même que j’étais allègrement en train de le piétiner sans m’en rendre compte, allez savoir.

J’étais loin de m’imaginer les bénéfices que cette séance allait avoir sur moi, même si Fabrice m’avait expliqué le sens de sa démarche pour sublimer et redonner confiance aux femmes, dans ma tête ma réponse était « Oui, oui, mais moi je suis un cas désespéré, allez, prend tes photos ! ». Cette séance a été salvatrice, avant même d’avoir les photos du shooting en main je suis repartie beaucoup plus sereine, fière d’avoir accompli ce challenge impossible, avec un ego reboosté.

Je n’apprécie toujours pas mon corps, mais je l’aime un peu plus et surtout j’ai beaucoup plus confiance en moi. Je suis beaucoup plus sûre de moi à tous les niveaux, je fais preuve d’assertivité dans toutes les situations, je n’ai plus peur d’être en avant, de parler de mon activité, de mes compétences et de mon expérience. Au niveau professionnel cela m’a beaucoup apporté alors que je n’en attendais rien, je conseille donc fortement ce type de séance photo pour vous aider à écraser votre imposteur.

Est-ce que mon imposteur est toujours là ? Un peu, parfois, comme un fantôme. Je ne pense pas qu’on s’en débarrasse si facilement, on est sur une guerre de 100 ans, vous vous souvenez ? Je tenais à vous partager mon expérience, pour ce qu’elle vaut, si jamais cela peut aider des personnes à mettre de la distance entre eux et leur imposteur.

Ce post est aussi une de mes batailles contre mon imposteur, oser mettre cette photo de moi ici et sur LinkedIn en me livrant  n’est pas chose aisée et ça doit faire un mois que je tergiverse.

Je suis preneuse de toute méthode pour couper les ponts avec mon imposteur, n’hésitez pas à les mettre en commentaires, partageons ensemble nos expériences et mettons en place des stratégies pour frapper au cœur ce syndrome de l’imposteur afin qu’il n’ait plus aucune influence néfaste sur nos vies. Prêts pour la prochaine bataille ?